Les tempêtes du NAVIRE-NIGHT
Les tempêtes du NAVIRE-NIGHT
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Pour comprendre la forme comme le contenu des premières éditions du Navire Night émises sur Radio Bienvenue Strasbourg en 1982, il faut se rappeler l’esprit des radios libres et leur expression qui, aujourd’hui, ne seraient plus « politiquement corrects ». Le modèle des du Navire Night à sa création était celui de la radio « Carbone 14 » proposant aux auditeurs d’écouter quelques micros-trottoirs, savamment orchestrés sur des sujets variés pour présenter des paroles décalées, choquantes et disruptives (ex. propos homophobes, sexistes ou racistes). Nous vous proposons donc d’écouter un petit montage de quelques temps forts.

Le premier montage rend compte d’une manifestation militante contre Monseigneur Elchinger, évêque de Strasbourg, qui avait refusé de loger (dans des bâtiments liés indirectement au clergé) les participants à l’Europride avec comme argument que les « homosexuels étaient des infirmes » François Mitterand, tout juste élu, avait alors fait monter (par l’armée 1) des tentes pour loger les participants à la rue. Ainsi, dans le premier montage, nous questionnons les fidèles à la sortie de la messe pascale : « les homosexuels sont-ils des infirmes comme l’affirme Montseigneur ? »

Les extraits suivants abordent divers sujets 1) la presse gaie presse militante ou modèle commercial genré ? 2) « Mode et pas commode » où comment se présenter en discothèque, 3) Esmméralda et les mythes féminins (c’est notre mascotte, féministe avec de la répartie, mais surtout beaucoup de recul sur « son personnage », 4) « Comment vous représentez-vous les homosexuels », suivie de, 5) « vous cassez du Pédé ? » Puis, 6) extraits d’une émission sur le Front National interrogeant la peur des étrangers et un racisme légitimé pour un auditeur (rien n’a changé depuis, mêmes arguments consternants). 

Tout cela fut enregistré en 1982 sur RBS, et si cela peut sembler surfait et prétentieux, nous étions « comme ça » sans peur, critiques d’un environnement peu tolérant, mais tout autant de nous-mêmes et nos caricatures… Nous avions 20 ans, Mittérand arrivait au pouvoir, le Punk succédait au Disco, nous étions heureux et ne vivions pas ces propos collectés comme des violences, mais comme une simple conséquence de notre impudence. Les temps ont bien changé en entrant dans un narcissisme victimaire sur les réseaux sociaux. Radio Bienvenue Strasbourg (devenue aujourd’hui un radio aux musiques urbaines) était alors une station de gauche très écoutée, des milieux bourgeois aux ceux des prisons, alors que Minitel venait de se créer en mode expérimental, notre l’émission y étant en ligne… Deux ans plus tard, nous étions assagis et proposions à Paris, sur Fréquence Gaie, un nouveau « Navire-Night » avec des interviews d’artistes que nous aimions le dessinateur Copi, l’actrice — réalisatrice Juliet Berto, le Groupe Taxi-Girl f by Mirwais), Armande Altaï et des auteurs tel le Psychiatre Lucien Israël, mais aussi Hugo Marsan avec qui nous débattons. Bref, bonne écoute !